L’éco-conception à l’échelle urbaine Emergence et modèles de pilotage pour l’aménagement durable

  • Type d’étude : Thèse
  • Dates de l’étude : octobre 2009 à décembre 2012
  • Laboratoire : Centre Energétique et Procédés, 60 Bd St Michel, 75272 Paris Cedex 06

Description du sujet
Contexte : Les expérimentations concernant la ville ou les quartiers durables s’accompagnent de la recherche de nouveaux modes de conception, de gouvernance, de gestion et de planification de la ville.
S’appuyant sur les développements récents de la théorie de la conception (Hatchuel, Weil, Le Masson 2006), il convient de s’interroger sur le potentiel de transformation et de développement de ces concepts pour l’ensemble du secteur de la construction. Il importe aussi d’évaluer le degré de nouveauté des concepts architecturaux actuels à l’aune de l’histoire de travaux et de concepts anciens dont on redécouvre aujourd’hui le potentiel vis-à-vis des objectifs de développement durable.

Objectifs : La thèse se propose d’étudier l’émergence d’une fonction innovation dite « aménagement durable » à partir des outils et instruments dont les acteurs se dotent pour gérer ces nouvelles situations. La présente thèse vise à définir comment l’éco-conception et les outils de la Chaire peuvent alimenter une démarche d’Aménagement Durable. En première approche, nous définirons l’éco-conception comme l’intégration de dimensions environnementales dans la conception des ensembles bâtis. Celle-ci s’appuie sur des outils et méthodologies d’évaluation environnementales (notamment des outils de type ACV) qui sont couplés à des outils de conception (type CAO) en vue d’une aide à la décision.
L’Aménagement Durable est une démarche émergente qui vise à intégrer différents concepts, acteurs et métiers autour de projets urbains durables. Cette nouvelle fonction s’appuie notamment sur différents outils et compétences que nous proposons d’étudier.

Quatre types d’instrumentation sont considérés dans la thèse : juridiques (contrats liant les parties) ; économiques et financières (ingénierie financière des projets d’aménagement/ACG) ; gouvernance et management (référentiels, gestion de projet et processus) ; conception et évaluation de la performance du quartier ou de la zone considérée (ces outils et modèles pouvant être quantitatifs et qualitatifs). Cette analyse systématique n’a pas été encore réalisée dans la littérature. C’est donc un enjeu théorique. C’est également un enjeu empirique car des modèles de conception de l’aménagement sont à concevoir ; une vue synoptique étant une question essentielle pour les acteurs, publics ou privés, qui souhaitent contribuer à cette nouvelle fonction intégrative.
Les travaux menés par les autres chercheurs impliqués dans la Chaire (transports, biodiversité, bâtiments, énergie) seront pris en compte dans l’état de l’art et des échanges auront lieu sur la possibilité d’intégrer les outils développés au processus d’éco-conception (simulations sur les transports et les bâtiments, analyse de cycle de vie, études sur la biodiversité).

Pour cela, la thèse s’appuie sur deux approches :
- une mise en perspective historique des logiques de l’aménagement pour montrer les transformations induites par les enjeux de durabilité et les enjeux de cette nouvelle fonction ;
- une analyse empirique et comparative approfondie d’expériences innovantes en France et à l’étranger.

Approche : Les études sur la ville durable considèrent parfois que l’échelle quartier est adaptée à la mise en ouvre pratique du développement durable (Niwa 2008). Tout d’abord, cette échelle permet d’appréhender les mécanismes de fonctionnement urbain tout en réduisant leur complexité. Les quartiers durables apparaissent comme des prototypes permettant des processus d’apprentissage (Emelianoff 2008).
Le projet urbain (l’aménagement) demande l’action de nombreux acteurs et mobilise une variété non négligeable de compétences. Au-delà de chaque projet singulier, parfois considéré comme un prototype, quelles méthodes, outils et principes de pilotage identifier ?
La conception d’écoquartier ou de villes durable est très encadrée par toute une série de cadres juridiques et réglementaires (code des marchés public/privé) ; il existe cependant des marges de manœuvre importantes en matière d’innovation technologique, économique ou sociale. L’enjeu de la conception innovante en matière d’aménagement durable est d’abord affaire d’intégration dans un concept d’ensemble. Une ville durable ne se résume pas à la superposition d’innovations ou de techniques particulières. C’est leur intégration dans un projet d’ensemble qui en fait la valeur potentielle sur le plan économique, environnemental et social. Quels sont les attributs susceptibles de réaliser cette intégration ? Quels outils, méthodes et raisonnement peuvent supporter l’émergence d’une telle fonction d’aménagement durable ? Quels sont les acteurs susceptibles de porter une telle fonction ?
Le sujet de la thèse vise à caractériser une nouvelle fonction d’aménagement durable qui émerge autour d’objets de conception nouveaux, qui s’appellent selon les pays écoquartier, écoterritoire, écodistrict ou écocampus. La conception de ces objets mobilise différents acteurs (élus, urbanistes, architectes, entreprises générales, ingénieurs, artistes, chercheurs, etc.) qui développent et s’appuient sur des expertises et outils divers (modélisation, ingénierie financière, ingénierie juridique), qu’il convient d’intégrer dans une perspective globale. Il s’agit d’un champ d’innovation dont les règles, les processus et les modèles restent à inventer. Autrement dit, l’aménagement durable se distingue de la fonction d’aménagement classique et ne se confond pas avec les compétences d’un acteur particulier. La thèse étudiera les différentes modalités organisationnelles et de conception actuellement testées.